Les médicaments en vente libre: les pharmaciens dans le collimateur
Parmi les professions réglementées, qui se trouvent actuellement dans le collimateur des pouvoirs publics, pour des raisons pertinentes ou non, les pharmaciens sont directement visés par la question de la vente libre en grande surface (ou non) de certains médicaments non remboursés et d’usage dit « courant ». Si cette question domine dans la presse actuellement, c’est qu’elle concerne la santé publique.
Il est trop tôt sans doute pour s’alarmer outre mesure de ces annonces, car il a déjà été constaté à plusieurs reprises des changements de cap de la part des pouvoirs en place, ce qui est une constante au demeurant dans la gestion des affaires publiques quelque soit d’ailleurs la couleur politique de ces gestionnaires.
Néanmoins, ces annonces méritent réflexion car elles tendent, de notre point de vue à tort, à déconsidérer la profession de pharmacien, en les présentant comme des commerçants dont l’unique objectif serait de faire des bénéfices indus. Cette initiative tend également à répandre l’idée dangereuse selon laquelle un médicament non prescrit et non remboursé serait d’une parfaite innocuité, ce qui est une ânerie.
Le pharmacien ne serait donc quun « intermédiaire » de plus, dont il serait pertinent, selon cette initiative, de réduire l’influence dans l’intérêt bien compris du «consommateur » et plus particulièrement du « consommateur de produits médicaux ».
La question du prix des produits, serait donc l’alpha et l’omega de cette politique d’alignement en tous domaines aux règles d’une prétendue concurrence, qui réduit l’individu à un consommateur, faisant disparaître pour ce qui concerne notre sujet, le colloque singulier qui existe entre un patient, son médecin et son pharmacien.
On peut s’interroger sur le point de savoir si cette initiative, dans le cas où elle aboutirait, ne fera pas regretter la disparition de nombres de professionnels pharmaciens, dont l’absence, surtout en dehors des concentrations urbaines, se fera alors dans quelques années cruellement sentir pour chacun d’entre nous.
Mais il sera alors trop tard.
Manifestement, il faut regretter que les pharmaciens, n’aient pas suffisamment réussi à imprimer dans le public l’image de ce qu’ils sont en réalité : des professionnels sérieux, compétents dans une haute technologie, qui ont fait le sacrifice de longues années d’étude exigeantes, qui sont à l’écoute de leurs clients. On peut remarquer à cet égard, que parmi les contentieux de responsabilité médicale, ceux impliquant des professionnels pharmaciens sont d’une extrême rareté.
Cependant, cette réalité positive semble parfois contredite par l’image de certaines grandes officines dans les centres urbains qui apparaissent déjà parfois comme des sortes de supermarchés de produits cosmétiques et de confort, ce que la profession, pourtant structurée, ne semble pas avoir réussi à juguler.